L’insécurité

Oh l’insécurité ! Mon pays va très mal !

TONDE Boukaré,
Technicien Supérieur de Génie Civil,
Médaille d’honneur des collectivités locales,
Point Focal EDM
Président de l’IDSF-B

 

Le Burkina Faso, pays des hommes intègres situé en Afrique de l’Ouest dans la bande sahélo-saharienne est en proie à l’insécurité depuis fin 2015. Ce qui veut dire que depuis 6 années consécutives, ma nation se meurt malheureusement à petit feu, exacerbée par les attaques djihadistes, terroristes, le banditisme de grand chemin, etc…

 

Cette situation très préoccupante a pour corollaires de nos jours :

  • L’augmentation démesurée du nombre de veuves et d’orphelins, conséquence des victimes civiles et militaires des attaques terroristes ;
  • Le déplacement sans cesse grandissant des populations des campagnes vers les centres urbains. A la fin novembre, l’on dénombrait environ 1 million 400 mille Personnes Déplacées Internes (PDI), dont près de 70% sont des enfants de moins de 18 ans. Elles ont été forcées de fuir leurs villages en abandonnant leurs biens (nourriture, bétail, maisons, champs, etc.) ;
  • L’hypothèque de l’avenir des enfants, imputable à la fermeture de près de 3.000 écoles à la fin novembre 2021 ;
  • L’appauvrissement continu et grandissant de ces populations, surtout celles vivant en milieu rural et semi-rural (villes moyennes du pays) ;
  • L’installation progressive de la famine et des maladies liées à la malnutrition et imputables à l’abandon des terres cultivables par les braves populations ;
  • Le développement du grand banditisme en milieu urbain, imputable à la crise criante d’emploi des jeunes ;
  • Le ralentissement démesuré de l’économie nationale ;
  • L’envahissement du territoire burkinabè par des groupes armés ;
  • La restriction des libertés des populations ;
  • La restriction de la présence de l’Etat au niveau des campagnes due à la fermeture de ses services (mairies, services des FDS – Forces de Défense et de Sécurité -, centres de santé, etc.). Un dernier exemple : https://lefaso.net/spip.php?article110168 ;
  • L’enlisement de la fracture sociale ;
  • L’instabilité politique ;
  • La crise de confiance entre les populations et les gouvernants ainsi que les FDS ;

Et j’en passe …

 

Le 23 décembre dernier, un patriote convaincu de la victoire sur le terrorisme, a passé l’arme à gauche. « Yoro », surnom de ce VDP (Volontaire de Défense pour la Patrie), engagé corps et âme dans la lutte anti-terroriste dans le Nord du Burkina Faso, est tombé sous les balles assassines de ces « sans foi ni loi » qui sèment la terreur. Il était devenu un symbole, ce jeune homme de 42 ans, qui avait accepté d’abandonner son projet de jardinage au Mali pour rentrer défendre sa patrie. Certes, sa mort a provoqué un choc émotionnel, un découragement et un tollé général au Pays des Hommes Intègres ! Oui, un grand cratère s’est ouvert dans cette guerre asymétrique contre les forces du mal surtout dans le Nord du pays !……Mais, dirai-je avec amertume et espoir, le combat ne doit pas s’arrêter, il doit s’intensifier. De nouveaux « braves Yoro » doivent naître afin de pourchasser ces pourfendeurs de la paix, du développement, de la cohésion sociale jusqu’à leur dernier retranchement.

Bien sûr que la solution militaire n’est pas la seule option. Mais elle n’est pas à négliger et l’Etat burkinabè se doit de poursuivre le renforcement efficient et efficace de l’armée et des VDP en équipements.

 

Les causes probables

Il est rare que les attaques djihadistes enregistrées par le peuple burkinabè de nos jours soient revendiquées par des groupes djihadistes. Cependant, lorsque des combattants font des incursions dans une zone, voici selon certaines sources non officielles, ce qui ressort de leurs revendications :

  • Les zones actuelles à fort potentiel d’insécurité (Est, Nord, Sahel, …) ont été longtemps délaissées par l’Etat central en termes de développement. Conséquence : la pauvreté s’est accrue et incite les jeunes à s’enrôler dans les groupes djihadistes ;
  • La politique (certains combattants disent que tant que le Président actuel est au pouvoir, vous n’aurez jamais la paix) ;
  • Ils interdisent formellement l’enseignement à travers l’école classique, mais plutôt l’arabe ;
  • L’imposition de la charia (les femmes doivent se voiler et les hommes doivent porter des pantalons courts/coupés) ;
  • Ils interdisent la vente d’alcool (conséquence : des débits de boisson sont incendiés) ;
  • Ils ont une animosité contre la présence des symboles de l’Etat (conséquence : des mairies et autres services administratifs sont saccagés) ;
  • Ils volent le bétail (d’aucuns disent que c’est pour se nourrir) ;
  • Ils promettent de faire mieux que l’Etat pour la population en termes de développement ;
  • etc.
 

Les centres urbains

Même si à l’heure actuelle, la situation sécuritaire (dans les grandes villes) semble être loin d’être celle que présentent les zones difficiles, force est de reconnaître que la psychose gagne du terrain dans la vie des populations urbaines.

L’insécurité des grands centres urbains est caractérisée de nos jours par la recrudescence des attaques à mains armées dans certains lieux de commerce (transfert d’argent, etc.). Toute chose qui en mon sens est tributaire de la perte d’emplois de certains jeunes parmi la population. Par ailleurs, le peuplement brusque des grandes agglomérations, induit au mouvement des populations vers la ville, demeure une préoccupation majeure pour les autorités locales en termes d’insertion sociale. En outre, c’est un facteur qui a favorisé la montée de la mendicité infantile urbaine supervisée par les génitrices de ces enfants, surtout au niveau des grands carrefours.

 

Les questions qui taraudent les esprits et troublent le sommeil de plus d’un des Burkinabès sont :

« À quand la fin de cette situation d’insécurité ? » 
« Quelles stratégies développer en vue de répondre efficacement aux conséquences dévastatrices de cette guerre asymétrique ? »
« Quel avenir pour la nation burkinabè ? »

Autant de questions que nous nous posons présentement, surtout à un moment où la crise de confiance entre les populations et les gouvernants s’accroît drastiquement au regard des réponses apportées sans succès contre le phénomène. Le dernier fait le plus marquant est celui de Titao où, avec la mort du chef VDP du Lorum « Yoro », les populations fuient la localité malgré l’arrivée des FDS pour sécuriser la zone !

 

J’ai peur ! oui, j’ai peur pour l’avenir de mon pays ! Vivement qu’une solution idoine et pérenne soit vite trouvée !

 

TV Monde : mort du VDP Ladji Yoro (YouTube)  24 DEC 2021
Euronews : Two days of mourning after militants kill 41
LeFaso : Roch Kaboré s’incline devant la mémoire du célèbre VDP Ladji Yoro
Arte : Burkina Faso : Le loi des milices